À Bagnères-de-Bigorre, entre la gare désaffectée et l’Hôtel-de-Ville se trouve un pilier de portail monté d’une pierre bien curieuse. Cette sculpture du XIXe siècle représente un chien de garde détournant la tête, sa patte appuyée sur l’inscription « NOU GUERDI PAS QUI PASSO », qui traduit : « (je) Ne regarde pas qui passe ». [1]
Devinez-vous de quoi il s’agit ?
En s’exprimant en patois gascon, l’aubergiste voulait attirer l’attention des hommes d’affaires béarnais arrivant en ville. Eux, ils n’avaient pas besoin de panneau publicitaire plus explicite : on s’y rendait pour faire quelque chose de honteux et ils savaient de quoi il s’agissait. Comme pour enfoncer le clou, la forme de l’écriteau rappelle une stèle funéraire, ce qui semble évoquer la vérité biblique universellement connue que le salaire du péché, c’est la mort. Malheureusement, défier Dieu et ses commandements attirait plutôt bien les clients à la maison close !
Une pierre sculptée encore plus ancienne et singulière est située entre la rue et le portail de l’Église Saint-Pierre de Ségus à 6,5 kilomètres au sud de Lourdes. Selon les connaisseurs, ce bloc de calcaire d’origine gallo-romaine représente une sirène portant sur son dos une petite femme et – à l’inverse de ce que l’on a vu à Bagnères – espère avertir les passants de ne pas se laisser séduire…
Remarquer également le bloc imbriqué dans l’angle de l’église côté nord, il est connu sous le nom : « la Dona d’Aygur », littéralement : « la fée des eaux ». Ses yeux ouverts en grand sont sensés envoûter le passant. L’oiseau rappelle le chant ensorcelant de la sirène qui attire et capture le marin. Le python au-dessus de son épaule avertit du danger et évoque l’influence du diable.
De telles images des églises catholiques sont destinées à servir de mise en garde contre le péché, contre ce qui déplaît à Dieu. L’adultère est souvent ciblé, et la sirène en est le symbole préféré. Nombreux sont ceux qui estiment que cet avertissement s’adresse aux hommes : Attention à la femme, qui, comme la Dona d’Aygur, séduit par ses yeux. Oui, la Bible dit : « Ne la convoite pas dans ton cœur pour sa beauté, et ne te laisse pas séduire par ses paupières. » [2] Cependant, ne devrait-il pas s’adresser aussi aux femmes, qui ne trouveront l’amour et l’affection désirés que dans une relation saine d’un foyer selon la pensée de Dieu ?
S’il est vrai que la tentation à se livrer aux plaisirs sexuels hors mariage est un problème, le terme « séduction » dans les Saintes Écritures est le plus souvent utilisé pour prévenir contre des gens rusés qui éloignent de Dieu. Il arrive même qu’ils se disent venir de Dieu. « Jésus dit : Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs viendront en mon nom, (…) Ne les suivez pas. » [3]
L’apôtre Paul avertit contre les enseignants qui modifient la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l’Évangile de Christ. Mais, si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un évangile s’écartant de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (rejeté) ! » [4]
À bien réfléchir, ce genre d’avertissement trouve une place logique à l’entrée de n’importe quelle église. Il rappelle : Ne croyons pas systématiquement tout ce qui est enseigné dans ces lieux, ne soyons pas séduits par tous ceux qui se disent venir de Dieu…