L’Église Saint-Laurent à Ibos est immense. Souvent désignée de « collégiale », elle n’a pourtant servi que très peu de siège épiscopal. Lors de sa mise en place au 14e siècle, le petit village agricole d’Ibos avait vu grand et embauché l’architecte de Saint-Bertrand-de-Comminges, qui a mis tout son talent. La nef splendide ornée de belles verrières avait de quoi provoquer la jalousie des voisins tarbais !
Quand on est jaloux, on devient méchant, on rabaisse, on invente des histoires. C’est ce qu’ont fait les voisins tarbais en imaginant de nombreuses fantaisies pour se moquer des Iboscéens qu’ils surnommaient les « pèpis », Gascon pour « sots ». En voici un aperçu des plus absurdes…
« Nous avons dit aux pèpis d’Ibos qu’il est dommage que leur nouvelle église soit si mal placée. Pour la mettre en valeur, il faudrait la déménager en haut du plateau de Ger, pour que toute la Bigorre puisse la voir. Et vous savez quoi ? Les pèpis d’Ibos sont tellement naïfs, ils ont tenté de le faire ! Ils ont entouré le clocher d’un triple cordon de câbles et ont tiré de toute leur force. Bien sûr, les cordes en laine se sont étirées et ont fini par casser. Les pèpis sont tous tombés à la renverse, et n’arrivaient plus à se relever. Les jambes entremêlées, chacun revendiquait celles de son voisin. Heureusement, un charretier d’Ossun est passé par là, et a pu les aider. Il s’est mis à fouetter pour que chacun puisse reconnaître ses propres mollets ! »
Le problème n’étant pas résolu, les consuls se sont réunis dans la maison commune pour étudier la question. Ils se sont dit : « Si on ne peut pas hisser notre église au sommet du plateau de Ger, élevons-la si haut qu’elle domine la plaine. » Un jardinier a proposé du fumier pour la faire pousser, après tout, c’est efficace pour les carottes et les choux ! Tout le monde a trouvé l’idée ingénieuse et s’est activé à apporter la litière de leurs bestiaux. Bientôt, le fumier arrivait jusqu’au niveau des fenêtres.
C’est là où le curé a eu une idée. Il convainc tout et chacun que l’église avait grandi, mais que l’on pouvait faire mieux. Selon lui, c’était uniquement là où le fumier touchait et réchauffait que l’église avait poussée. Pour chauffer encore mieux, il faudrait envelopper le bâtiment du haut en bas de tentures. Aussitôt, les villageois se sont mis à l’œuvre. Chaque dimanche suivant, le prêtre affirmait que l’église avait grandi. Mystérieusement, les nuits sans lune, petit à petit, le tissu a disparu. Tout aussi curieux, les curés locaux n’ont jamais manqué de tenus liturgiques.