Jérémie Cavin : Pouvez-vous vous présenter en 2 mots ? Etes-vous une chrétienne protestante évangélique ? Que faites-vous dans la vie ? Avez-vous fait des études d’histoire ?
Carol Larrey : Ceux qui ont le Guide entre les mains ne s’étonneront pas d’apprendre mes origines évangélique et américaine. A 17 ans, j’ai quitté la Californie pour faire l’Institut Biblique de Toulouse, où j’ai rencontré mon époux. Ensemble, nous avons travaillé au sein d’églises évangéliques à Paris, Mantes-la-Jolie, Tarbes, Charenton, Pau. Comme toute épouse de pasteur, il est difficile de définir ce que je fais. Mon travail est assez diversifié. Retenons l’aspect enseignement.
J’ai fait quelques études d’histoire, mais je ne peux prétendre au titre d’historienne. La curiosité est un héritage acquis de mon père. Il se servait de tout comme outil pour entamer une conversation et partager sa foi.
J.C.Si j’ai bien compris, vous êtes l’unique auteur de cet ouvrage, n’est-ce pas ? Cela a dû vous prendre un temps fou de réaliser cet ouvrage ! Depuis quand y travaillez-vous ? Quel a été l’investissement en temps ? et financier ? Et où avez-vous trouvé toutes ces informations historiques ?
C.L. Oui, d’abord j’ai cherché à impliquer d’autres personnes dans ce projet. Finalement, je suis contente d’avoir poursuivi mon idée un peu insolite. Mon objectif n’est pas de présenter une encyclopédie exhaustive de sites à voir, ce qui pourrait s’avérer ennuyeux. Il est destiné à un public large, sans connaissance particulière de l’histoire, de la Réforme, voire même des Écritures. Ayant côtoyé de potentiels lecteurs lorsque je travaillais dans une librairie évangélique sur Paris, je comprends le besoin d’un langage simple pour rester accessible au plus grand nombre.
L’écriture du livre a débuté il y a deux ans et consistait surtout à confirmer les faits et vérifier les sources. Quant au commencement de l’étude, il se situe avant. Vivant dans la région parisienne, on accueille souvent des personnes de passage qui veulent visiter « la ville de lumière ». Encore et toujours les mêmes sites … sans intérêt spirituel. J’ai commencé à évoquer des anecdotes, comme la Tour de Calvin. Personnellement, j’étais émue de découvrir cette structure architecturale sortant du Moyen Âge, et j’imaginais Calvin s’enfuyant par la fenêtre pour rejoindre les toits. Mes amis étaient moins enthousiastes, n’ayant pas l’avantage de connaître le contexte. Ils se demandaient même pourquoi Calvin devait fuir. Ce n’était pas le lieu approprié pour faire un cours d’histoire, mais cette expérience m’a été utile plus tard pour définir le style de l’ouvrage.
Au fil des années, j’avais une belle brochette de sites à faire visiter, surtout des anecdotes. Lorsque j’ai commencé à organiser un circuit exclusivement sur le thème de la vie des protestants, il n’était pas honnête d’en rester là. Il fallait évoquer d’autres événements historiques et puis la réalité des martyrs, tout en évitant les lourdeurs.
Donc, j’ai glané des informations un peu partout, sur des sites spécialisés, à la bibliothèque locale. J’ai participé à des colloques, interrogé des historiens, des archéologues, des guides et les habitants des sites. Un livre d’histoire datant de 1870 m’a apporté de nombreuses pistes. Toutefois, il était vital de confirmer ces dires par d’autres sources. J’ai cherché conseils, et puisé dans les textes les plus anciens. J’ai lu et relu le vieux français d’Aubigné, de Thou, Palissy et bien d’autres.
Après avoir dépensé autant d’énergie sur l’écriture, je ne voulais pas compromettre la présentation. Pour le graphisme des cartes et la mise en page, Jacques Maré s’est montré à la hauteur. Je n’ai pas été déçue ! L’investissement financier ? Oui, un ouvrage de 220 pages de photos couleurs semblait un projet inaccessible. Toutefois, en passant par l’autoédition, je peux le proposer à un prix raisonnable.
J.C.Qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans ce projet ?
C.L. Quelques découvertes étonnantes m’ont poussée à faire de plus en plus de recherches. Mes amis devaient entendre mes récits et « subir » mon enthousiasme. C’est eux qui m’ont fortement encouragée à écrire.
J.C.A quel public ce guide est-il destiné ? Touristes ? Historiens et/ou théologiens ? Etudiants ?
C.L. Les touristes seront divertis par la découverte de sites ignorés du grand public, tout en s’instruisant. Les historiens seront surpris et amusés par quelques-unes de mes trouvailles. Les professeurs pourront s’en servir pour enseigner l’histoire de façon ludique. Les pasteurs trouveront des illustrations de messages. Les églises peuvent organiser des sorties pour faire les excursions proposées, Bible en main, car les parcours sont ponctués de citations bibliques qui peuvent servir de pistes de réflexion.
J.C.Avez-vous déjà eu des échos quant à ce Guide ? A quel succès vous attendez-vous ? Pensez-vous que ce Guide peut devenir un best-seller incontournable pour tous les visiteurs de Paris ?
C.L. Déjà au cours de mes recherches, lors des contacts avec des historiens, des guides, et des conservateurs de musées, j’ai découvert un grand intérêt pour le sujet. J’ai été accueillie avec une grande gentillesse. Ils m’ont accordée beaucoup de leur précieux temps, et offert de la documentation. Plusieurs ont demandé d’être prévenus de la sortie du livre.
Comme je n’étais pas sûre des lois concernant la publication de photos personnelles, j’avais demandé conseil à un photographe professionnel. Il m’a assurée qu’une fois la photo prise, je pouvais en faire ce que je voulais. J’étais un peu troublée par cette réponse peu éthique et très « paparazzi ». Aujourd’hui je ne regrette pas d’avoir pris le temps de contacter les personnes concernées.
Pour les photos au Collège de France, j’ai cru que c’était sans espoir. J’en avais pris depuis la rue, mais quand j’ai voulu m’approcher, le vigil m’avait interdit d’en prendre. C’était trop dommage. Alors, j’ai pris le téléphone. Je n’oublierai jamais mon entretien avec un responsable. « Mettez votre demande par écrit. Je la lirai au comité. » Ma lettre devait être convaincante. Quelle joie, quelle victoire quand j’ai reçu l’autorisation exceptionnelle de publier mes photos prises de leur cour.
Ceux qui ont vu le Guide sont admiratifs de la qualité des photos et du graphisme. Le trouvant remarquable, l’imprimerie en a gardé comme référence. Concernant le contenu, un courriel m’est parvenu : « Je ne suis pas un grand lecteur, mais j’apprécie les textes vifs, et les photos. Merci de toutes les belles photos. » Voilà une personne qui a visité les sites dans quitter son fauteuil !
J.C.Au-delà de tous les aspects intéressants que ce Guide comporte, quel message voulez-vous faire passer par ce Guide ? Avec quels sentiments les personnes qui se lanceront dans ces excursions ressortiront-elles ? Qu’auront-elles appris sur Dieu, l’Eglise, etc ?
C.L. Dès le début du projet, le mot « excursion » me tenait à cœur. Certains sites rappellent des événements graves. « Se balader » sur ces sites semblait inapproprié. Excursion : c’est donc un mot clef pour le lecteur. Au-delà de se dégourdir les jambes, vous allez découvrir l’histoire des chrétiens et réfléchir sur les erreurs du passé. Par ailleurs, en toute simplicité, vous découvrirez les raisons de la Réforme. Que chacun soit enrichi comme je l’ai été.