Paris a bien changé depuis que mon livre (Guide du Paris Protestant) a été publié en 2013. (Oui, déjà dix ans !) À l’époque je n’ai pas su trouver la tombe de Jean-Frédéric Mestrezat pour l’honorer avec ses collègues dans le chapitre 10 pages 201-203.
- Tombe de Mestrezat (photo- Wikipédia)
Je remercie les historiens de l’Église Réformée Unie de Paris qui m’ont signalé que sa tombe est tout près de celles de ses collègues en division 39 du cimetière Père Lachaise. Rénovée en 2016 avec une belle plaque funéraire, elle est désormais bien plus facile à repérer.
Par ailleurs, ils m’ont envoyé un plan et des informations fort intéressantes que je partage ici :
Jean Frédéric Mestrezat (1760-1807)
Originaire de Genève, il y fit des études de théologie et devint pasteur en 1787. Obligé de fuir Genève lors de l’insurection révolutionnaire de 1794, il s’exila et fut pasteur à Zurich puis à Bâle en 1796.
Il est appelé à Paris en 1803 pour occuper l’un des trois postes de pasteur de l’Église Réformée de Paris créée, après trois siècles d’éviction et de clandestinité, par le concordat et la loi organique de 1802. Avec les pasteurs Paul-Henri Marron Président du Consistoire et Jacques-Antoine Rabaut Pommier, il fit partie de la première génération des Pasteurs de Paris. Tous les trois conduisirent ensemble les premières années de l’Eglise. IIs reçurent la Légion d’honneur et participèrent au sacre de Napoléon. Ils furent tous les trois enterrés au cimetière du Père Lachaise.
La durée de son ministère à Paris fut brève puisqu’il mourut en 1807 mais il fut remarqué par l’attention qu’il porta aux pauvres et aux malades, à la formation théologique des étudiants, à l’ouverture d’écoles et de collèges et s’engagea pour une liturgie commune à toutes les églises réformées.
Le pasteur Mestrezat mourut le premier, en 1807. Lors de ses obsèques, pour la première fois, Paris a pu voir les derniers honneurs publiquement rendus à un pasteur protestant. Sa tombe au cimetière du Père Lachaise, est la première tombe d’un pasteur réformé de Paris officiellement reconnu par l’État français. Sa présence dans ce nouveau cimetière où sont également inhumées des personnes d’autres confessions, illustre la volonté du Premier Consul d’ouvrir les cimetières publics à tous les citoyens sans distinction de race et de religion.
Sur le côté sud de sa tombe, l’épitaphe écrite en latin rend hommage à sa carrière, à sa connaissance de la doctrine, à son éloquence, à sa vie exemplaire et se termine par « Fide jam resugens » (« déjà ressuscité dans la foi »). Mais cette épitaphe est aujourd’hui quasiment illisible.
Voici le texte avec sa traduction française :
FRID. MESTREZAT. Ecclesiæ Genev. alumnus,
Basil, pastor dilectus,
Paris, spes et decus,
doctrina, eloquio, moruin amœnitate
conspicuus,
uxori, liberis, amicis ante diem ereptus,
obiit
die VIII Maii an. M. D. CCC. VII, anno
aetatis XLVII,
Fide jam resurgens.
HIC JACET.
FRED. MESTREZAT, disciple de l’Eglise de Genève
A Bâle, pasteur aimé,
A Paris, l’espoir et la gloire (ou l’honneur )
pour (sa connaissance de) la doctrine, l’éloquence, la beauté éclatante de son genre de vie (ou de ses mœurs),
enlevé avant l’heure (le jour) à une épouse, des enfants, des amis.
Il s’en est allé
le 8e jour de mai 1807,
en sa 47 e année
déjà ressuscité dans la foi
(Fred Mestrezat) repose ici